La vieille se tenait debout au fond du jardin, la main en visière sous le soleil brûlant. Elle fixait un point à l’horizon, quelque part dans la vallée. Marcel, qui observait sa grand-mère de loin, percevait la tension de sa posture. Quelque chose d’anormal était en train d’arriver.
– Marcel ! Marcel ! Viens don’ voir vite ! Cria-t-elle.
L’enfant courut aussi vite que le permettait sa faible constitution.
– Regarde ! Dit-elle, bras tendu et index pointé.
Une colonne allemande de chars et de voitures blindées serpentait lentement sur la colline d’en face, sur l’unique route menant à leur ferme. Marcel n’avait jamais vu l’ennemi mais il savait ce qu’on en disait. La peur lui laboura le ventre.